• Un soir à Niort...

    Punk's not dead

       Un samedi soir à Niort. Pluie. Rues désertes. Y a-t-il de meilleures conditions pour assister à un concert de punk ?

     

       L'Alternateur a programmé Miët et Jaune Dark, des Nantais émetteurs de sonorités rugueuses.

     

    Punk's not dead

     

     

       Miët, c'est Suzy, une demoiselle qui fait tout toute seule. Sa voix, sa basse, ses nombreuses pédales pour faire plus d'effet avec sa voix et sa basse, et les mettre en boucle.

     

     

     

     

    Punk's not dead

     

     

     

     

     

       La miss a écouté Shellac et Morphine. Surtout Shellac. Breaks de basse. Subtiles dissonances.

     

      

     

    Punk's not dead

     

     

     

     

       Y a du P.J.Harvey dans la voix, non ? Et cette tranquille assurance...

     

     

     

     

     

    Punk's not dead

     

      

    C'est du rock'n'roll.

     

     

     

    Punk's not dead

     

     

       Et puis en rappel une performance : chanter un poème de Walt Whitman a capella, malgré les 3 types qui continuent leur conversation au 2ème rang. (Scotché, le photographe n'a pas sorti l'appareil, d'où la présence d'une guitare sur cette photo.)

     

     

     

    Punk's not dead

     

       Puis est venu Jaune Dark. Susana et Denis.

     

     

     

     

    Punk's not dead

     

     

     

     

       C'est du punk à capuche...

     

     

     

     

     

     

     

    Punk's not dead

     

     

     

     

       ... et petite robe vintage.

     

     

     

     

     

     

     

    Punk's not dead

     

     

     

     

     

       Rage contenue, rage libérée dans le chant de Susana.

     

     

     

     

     

     

    Punk's not dead

     

     

       Hargne dans la guitare de Denis.

     

     

     

    Punk's not dead

     

     

       Et c'est pas punk de finir la soirée en dansant sur du Niagara après un concert de punk ?

     

     

     

     

     

     

     

    Punk's not dead


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  • Lecoq est parti  C’était un auteur-compositeur-interprète, méconnu du grand public, reconnu par la critique : Thierry Lecoq est mort avant-hier le 14 janvier, chez lui, d’un infarctus, le jour même de ses 50 ans.

      Cette oeuvre, discrète, qui était la sienne, c’était une chanson à la poésie délicate, habillée de mélodies soignées,  oeuvre à l’image de son auteur, un garçon discret, gentil, souriant, qui ne faisait pas son âge, ce demi siècle qu’il a tout juste atteint, avant de s’en aller.

      L’actualité est ponctuée des disparitions d’auteurs et d’artistes, et dernièrement le rythme de ces disparitions a été plutôt soutenu. Mais si les récents décès d’auteurs majeurs, l’un du rock, tendance métal, un autre de la chanson française, un troisième de la pop mondiale ont retenu mon attention, ils n’ont guère eu davantage d’effet sur moi. Leur oeuvre est close, c’est dommage, et triste, mais toutes trois ont largement rayonné. Et puis je n’ai jamais eu l’honneur de croiser ces gens-là. Le départ de Thierry Lecoq, c’est autre chose. Pourtant je ne le connaissais qu’un tout petit peu, et je n’ai en fait que rarement écouté sa musique.

      Je me souviens d’un petit concert, ou d’une espèce de showcase qu’il avait donné à la médiathèque de Saint-Herblain. C’était un après-midi, le public était rare. Il chantait assis. Entre les morceaux, il donnait le sentiment de se cramponner à sa guitare, vulnérable. Mais quand il jouait, sa chanson devenait un monde qu’il habitait aussitôt avec sérénité.

      C’était il y a quinze ou vingt ans, des gens à Libé et aux Inrocks suivaient déjà l’oeuvre de Lecoq, et la question qu’on se posait était de savoir quand son audience s’élargirait. Il y aurait forcément un titre qui finirait par passer sur France Inter. A l’époque Dominique A, Katerine et Jeanne Cherhal étaient encore nantais, on les croisait en ville, ils étaient tous les trois engagés sur le chemin de la notoriété, Lecoq finirait par l’emprunter lui aussi…

      Le voulait-il ? Je le suppose : consacre-t-on sa vie aussi constamment à l’élaboration de ces mondes sonores si ce n’est pour les faire partager le plus largement possible ?

      L’homme est parti, mais ces mondes qui sont son oeuvre, restent.

     

     

    Discographie :- La Fenêtre (Nada - 1999)
    - Interludes (Saravah - 2002)
    - Tête de Gondole (Saravah - 2005)
    - D'Arradon (Arbouse recordings - 2009)
    - Chaconnes (Hollistic Music - 2013)


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  •   D'une année à l'autre : alcool, nostalgie, tir parfaitD’abord, puisque vous prenez la peine de lire ces lignes, je voudrais vous souhaiter une très belle année 2016, à vous, individuellement, mais également, nous adresser à nous tous, collectivement et très largement,  le même souhait. Les possibilités d’amélioration ne manquent pas de ce point de vue…

      Pour bien débuter cette nouvelle année, donc, j’aimerais vous parler lecture, et vous faire part de ma marotte du moment. Vous voyez de quoi je veux parler ? Mathias Énard, son oeuvre. Figurez-vous qu'en fait, il a écrit plusieurs livres ! Voilà, après Boussole, je ne pouvais pas en rester là, alors l’autre jour, je suis retourné à ma librairie préférée, avec l’intention d’acheter son premier roman, qu’on m’avait beaucoup recommandé… et j’en suis ressorti avec quatre de ses bouquins. Quand on aime…

      Sur les quatre, j’en ai lu deux. Ben y a rien à faire, je suis mordu.D'une année à l'autre : alcool, nostalgie, tir parfait

      S’il vous faut un livre court (moins de 100 pages, format poche), je vous recommande L’Alcool et la Nostalgie. Un écrivain, Mathias, qui semble encore en quête de son oeuvre, revient en Russie où il a vécu un certain temps plus jeune. Il vient d’apprendre la mort de son ami Vladimir, et a décidé d’embarquer avec le cercueil à bord du Transsibérien, afin d’accompagner la dépouille de son ami dans un dernier voyage à travers la steppe russe, de Moscou jusqu’au village natal de Vladimir, au-delà de Novossibirsk, au coeur de la Sibérie. Dans ce texte encore, comme dans Boussole, nous plongeons dans les pensées du narrateur, assailli des souvenirs de son amitié avec Vladimir, lien dont il réexamine la singularité : l’ami a d’abord été un rival amoureux. Entre eux deux, ou avec eux deux, il y avait Jeanne, qui, soumise au puissant charme de la Russie, et du Russe Vladimir, avait entraîné Mathias à Moscou.

      A la simple lecture des étapes de ce train - Moscou, Nijni Novgorod, Perm, Novossibirsk - intitulant certains des chapitres, on replonge dans l’exotisme rude de la Russie que Jules Verne faisait traverser à Michel Strogoff. Mais ici nul besoin de péripéties pittoresques, un seul détail affleurant un instant sur le flot agité des pensées de Mathias donne la mesure de l’étrangeté russe. Jeanne désormais installée à Moscou, que ses shoots de Russie peinent à faire planer, est devenue addict à un nouveau kiff russe : quand son cafard est trop noir, elle va “se suspendre”.

    D'une année à l'autre : alcool, nostalgie, tir parfait“C’est la nouvelle mode chez les jeunes en quête d’émotions fortes, se suspendre, ça veut dire qu’on te passe une pommade anesthésiante sur les épaules, qu’on te rentre trois crochets de métal dans la peau du dos et qu’on te soulève, on te suspend en l’air à un mètre cinquante du sol et tout ton poids repose sur ces hameçons qui t’étirent la peau, il paraît que cela saigne très peu, que la douleur est supportable et finit par provoquer une transe presque mystique : on a la sensation de perdre son corps paraît-il, de se replier dans ces trois points de douleur et plus rien ne pèse, plus rien ne pèse. [...] On marchait vers le métro Taganskaïa et il s’était remis à pleuvoir. Tout était si triste, j’imaginais Jeanne torse nu suspendue en l’air dans la douleur, les lèvres entrouvertes, ses yeux toujours aussi vides et je ne pouvais m’empêcher de frissonner à mon tour, qu’est-ce que j’allais faire, moi, pour ma douleur, qu’est-ce que je pouvais bien faire, je n’allais pas aller me suspendre, ni trouver par hasard un moyen de fumer de l’héro ou de l’opium.”

    C’est cette Russie maniaco-dépressive et pourtant séduisante qui a tué Vladimir, qui attire Jeanne au bord du précipice, et qui sature de mélancolie les souvenirs de Mathias. Quand l’Orient slave remplace dans l’oeuvre d’Énard l’Orient du Levant, le voyage est toujours aussi fascinant.   

    D'une année à l'autre : alcool, nostalgie, tir parfait

      Pour une lecture un peu plus longue, mais pas moins captivante, il y a le premier roman de Mathias Énard : La Perfection du tir. Retour en Orient, celui du Levant. Une fois encore, nous entrons dans une tête. Celle d’un combattant de la guerre du Liban, dont l’organisation belligérante n’est pas identifiée, à une époque indéterminée de ce conflit. La géopolitique n’est pas le sujet, et ces renseignements ne sont pas nécessaires pour qu’on ait l’impression “d’y être”. On a réellement le sentiment de se trouver dans la tête de ce mec. On se demande fatalement quelle expérience l’auteur a eu de ce conflit pour nous rendre aussi crédibles non seulement les faits et gestes d’un combattant, mais en plus ses pensées mêmes : au-delà des nécessaires entretiens qu’il a dû avoir avec des personnes ayant véritablement pris part à cette guerre, en a-t-il eu une expérience plus directe ?

      Quand d’autres textes du même auteur nous captivent par leur longue phrase, née d’un évènement parfois bénin en apparence, mais qui s’amplifie des évocations et réminiscences que cet évènement entraîne, qui change de cours au gré d’un rien, plusieurs fois, La Perfection du tir est au contraire plus net du point de vue narratif : une chronologie courte et qui progresse rapidement vers un dénouement, des personnages qui entretiennent des liens paradoxaux, dont on on hâte de connaître la nature définitive, redoutant le pire.

      Le narrateur, dans la tête de qui nous rentrons complètement, est un monstre froid, devenu homme en même temps que combattant, dans la catégorie tireur d’élite, quoique le terme de sniper, moins reluisant, lui sied davantage. Son shoot à lui, c’est de shooter les gens de la zone adverse. Nous ne possédons sur sa fonction de tireur embusqué que ce qu’il nous en livre, mais s’il semble important qu’il abatte des cibles militaires, leur absence dans sa ligne de mire ne paraît pas lui poser pas problème, et les quidams font l’affaire. Son critère de satisfaction à lui, c’est la réussite d’un beau tir.

      Cette toute-puissance qu’il atteint un fusil entre les mains, il la perd dans la vie. Il est le témoin excédé de sa mère s’abîmant dans la folie. Il ne comprend pas que Myrna, la jeune fille qu’il a engagée pour s’occuper de sa mère, ne montre pas d’amour pour lui, et le violent désir qu’il éprouve pour elle semble bien près de le submerger… Nous sommes dans la tête de ce genre de bonhomme, et nous comprenons chacune de ses pensées, chacune de ses réactions. Voilà la force de ce texte : nous faire pénétrer au coeur même de la monstruosité, et nous faire mesurer son étonnante proximité.

    D'une année à l'autre : alcool, nostalgie, tir parfait

      J’ai commencé la lecture de Zone (toujours du même auteur, vous aurez compris), que j’avais jusqu’alors repoussée redoutant un texte ardu, du fait de l’absence de ponctuation. Eh bien à nouveau, au bout de quelques pages, il n’en est rien, et j’ai bien hâte de la suite.


      Hormis les couvertures des ouvrages dont il a été question, vous avez pu apercevoir en accompagnement de l’article des photos dont vous vous êtes peut-être demandé ce qu’elles avaient à voir avec la choucroute… Des fenêtres esquintées, des portes fatiguées… Sans doute un léger pessimisme de ma part dans ce passage d’une année à l’autre…


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